I. Le mythe des Veilleurs
Dans une vallée reculée d’Auvergne, les anciens parlent d’un phénomène étrange : certaines nuits, une brume dense descend des montagnes, argentée et silencieuse. De cette brume émergent alors des entités mystérieuses, appelées les Veilleurs. Ils sont rarement aperçus, mais leurs formes vaguement humaines, drapées dans des armoiries effacées, couvrent la lande, immobiles et silencieux.
On dit qu’ils ne sont pas là pour effrayer. Juste pour regarder. Veiller.
II. L’enfant de la brume
Un garçon des villages voisins, Antoine, s’aventura un soir brumeux pour cueillir des herbes médicinales. Le brouillard monta si épais qu’il perdit son chemin et sentit bientôt des présences autour de lui : silhouettes immobiles, à peine plus denses que la brume. Il reconnut un son réservé à l’obscurité : le froissement de la brume contre les armures.
Ses muscles figés de peur, Antoine crut apercevoir une main levée, comme une invitation. La brume se dissipa, et il se retrouva au bord du chemin. Dans sa poche, une petite pierre mate, chaude malgré la nuit.
III. Un lien silencieux
À son retour, la pierre fut placée au chevet du village. On la considéra comme une amulette, capable de calmer les tempêtes et d’apaiser les esprits des forestiers. Tuée par le mystère léger des Veilleurs, elle véhiculait une présence douce : leur façon de dire au garçon — et à tous — que certaines veilles dépassent les siècles, que la nature est gardée.
Mais le porteur de la pierre ne dormait plus : il entendait parfois des pas dans son rêve, toujours lents, toujours lourds.
IV. Le prix de la pierre
Rapidement, on comprit que la pierre devait rester silencieuse. Exposée à la lumière du jour, elle se fissurait. Dévêtue de son secret, elle ne gardait rien, tout comme ceux qui voudraient déchiffrer les Veilleurs. L’objet est devenu une légende dans le village : un témoin de l’invisible, à conserver dans l’obscurité.
V. Une brume qui encore approche
Aujourd’hui, lors des nuits sans lune, certains prétendent voir ou sentir ces silhouettes se matérialiser dans la brume : pas pour effrayer, mais pour veiller sur les vivants — un regard toujours tourné vers le monde des ombres et des pierres anciennes.