I. Un écho du passé
Sous une chapelle isolée du Limousin, la Crypte du Tambour Sourd est célèbre pour un phénomène que les habitants appellent « le battement de l’oubli ». Tous les soirs, à minuit précis, un son sourd résonne dans la crypte, comme un tambour lointain, sans musicien.
II. L’enquête du jeune curé
Le curé local, Père Lucien, choisit de descendre dans la crypte chaque nuit pendant une semaine. À chaque visite, il entendit ce battement, lent et profond, synchronisé avec son propre pouls.
Le septième soir, il s’assit face à la dalle centrale. Il y trouva, gravé à peine lisible :
« Ici repose un cœur loyal — que jamais sa mémoire ne se taise. »
Son sang se glaça : il savait que jadis un soldat avait été enterré là, sans sépulture chrétienne, par ses frères d’armes. Mais le corps n’y fut jamais trouvé. Seul un tambour creusé dans une ceinture tenace accompagnait son dernier souffle.
III. Une présence fidèle
Un soir, alors que l’horloge sonnait minuit, le tambour battit plus fort. Le Père Lucien sentit une présence derrière lui : un souffle lourd, solennel. Il se retourna : un homme vêtu d’un haubert, transparent, se tenait là, le regard posé sur la dalle. Il posa un doigt sur son cœur — il était le tambour.
Il disparut lorsque les coups cessèrent.
IV. Le témoignage de la paix
Le prêtre comprit que l’être n’était pas un spectre vengeur, mais un gardien — celui qui refusait d’être oublié pour sa fidélité. Il demanda alors des prières la nuit suivante. Le tambour bat depuis, mais plus doucement, comme apaisé.
On vit des flammes de cierges vaciller, mais sans peur ni menace. Une paix humide et solennelle enveloppait la crypte.