I. L’arbre éternel
Dans une forêt mystérieuse du Berry, se dresse le Chêne aux Veines d’Argent. Il existe depuis des siècles, bien au-delà de la mémoire humaine. Lorsqu’on s’approche de son tronc, on voit des veines argentées, comme des rivières lumineuses qui courent sous l’écorce.
II. La voix du vieil arbre
Théo, un garçon rêveur, aimait se cacher sous ce chêne. Un jour, il entendit un murmure doux, semblable à une respiration vivante. Il posa la main sur le tronc, et l’arbre lui transmit un chant ancien — le secret des forêts, dit-on, ce chant qui maintient le monde en équilibre.
III. Un lien intemporel
Théo venait chaque jour, écoutait ce chant, et y déposait ses joies et ses peines. Le chêne les absorbait, les enveloppait. Théo ne se sentait plus seul.
Avec le temps, il apprit à connaître ce chant comme un langage. Les animaux de passage restaient immobiles sous l’arbre, en paix. Certains disent que l’arbre choisit Théo comme son confident. Et que Théo était devenu l’un des gardiens du chant.
IV. L’arbre recueillant nos cœurs
Cependant, plus Théo parlait à l’arbre de ses doutes, de ses peurs, moins il éprouvait le besoin d’exprimer ses émotions auprès des autres. Il devint un enfant réservé, silencieux.
Alors ses parents le retrouvèrent un après-midi, assis sous le chêne, le regard lointain. Théo leur sourit, et leur glissa, presque sans voix :
« Il écoute mieux que nous, parfois… mais je crois qu’il m’a trop pris. »
Il se retira peu à peu de ce rituel, laissant le chêne continuer son sommeil chantant.
V. Une chanson dans les racines
Le Chêne aux Veines d’Argent chante toujours. Lorsqu’une tempête approche, on entend une mélopée grave et vibrante émaner du tronc. On raconte que, dans les nuits d’hiver, si l’on pose l’oreille contre l’écorce, on perçoit non seulement la chanson, mais aussi un écho du futur — comme si l’arbre pouvait voir le devenir des arbres, des hommes et de la terre.